Dans la nuit de mardi à mercredi 3 juillet 2019, le centre de détention des migrants à Tajoura, l’est de Tripoli, en Libye a été la cible d’une frappe aérienne meurtrière (plus de 50 morts).

Parmi les survivants figurent des Maliens. L’un d’entre eux, Modibo Sissoko, vient tout juste de rentrer au Mali le jeudi (22/08). Modibo a 26 ans, et est originaire de Kayes, à l’Ouest du Mali. Modibo a commencé son périple au Sénégal comme puisatier pour économiser de l’argent avant de poursuivre sa route vers la Libye dans l’espoir de rejoindre l’Espagne. Après plusieurs séjours dans des centres de détention suivant chaque interception en mer Modibo avait renoncé à son projet et s’était décidé à rentrer au pays.

« Quand je suis arrivé en Libye j’étais maçon, les affaires marchaient doucement au début. Mais trois mois après, les difficultés ont commencé. J’ai été arrêté trois fois par des hommes armés. Une fois, une cinquantaine d’entre nous a réussi à s’enfuir. J’en ai profité pour tenter la traversée une nouvelle fois, mais j’ai été attrapé par la police. C’est à ce moment que j’ai été emmené au centre de détention de Tajoura.

Dans ce centre, nous étions trop nombreux, il y avait des Maliens, Ivoiriens, Sénégalais, Tchadiens, Tunisiens, Marocains… Une nuit, un grand bruit nous a réveillé en plein sommeil. J’ai remarqué qu’une partie de la toiture et du mur de notre bâtiment s’était écroulée. Des gens criaient et sans chercher à comprendre ni prendre mes affaires, j’ai couru pour sortir du centre.

En sortant j’ai vu du sang et des gens au sol. Des hommes armés disaient aux gens de se sauver. J’ai perdu deux amis maliens. Une fois dehors, j’ai entendu un second grand bruit, mais j’ai eu le temps de trouver un abri en attendant que le jour se lève. Je n’avais que 20 dinars sur moi et j’ai pris un bus pour partir à Zawiya. Une fois là-bas, des hommes armés m’ont pris pour m’amener dans un centre de détention. Heureusement 10 jours après, les agents de l’ambassade du Mali et de l’OIM sont passés à notre centre pour nous voir. On m’a parlé de la possibilité de retourner au pays. Je me suis inscrit sur la liste. Et me voilà enfin. 

« Je n’ai plus rien, j’ai tout perdu. Même mon espoir ».  Depuis son retour au Mali, avec les agents de l’OIM, Modibo travaille à la conception et la réalisation d’un projet de réintégration en agriculture avec d’autres Maliens de retour dans le cadre de l’Initiative Conjointe UE-OIM pour la protection et la réintégration des migrants.